Siguiri : l’événement du 2 octobre 2024 sur la bonne voie mais, des lacunes organisationnelles constatées.
Depuis trois jours, les initiatives liées à l’assainissement, à la distribution de t-shirts et à divers autres préparatifs ont été au cœur des préoccupations. Le matin du 02 octobre 2024, malgré les assurances données par les autorités concernant la fermeture des magasins et des boutiques, les élèves restaient déterminés à participer à l’événement.
Le discours du préfet a été prononcé, mais il a été lu en l’absence d’une foule significative. Cette situation a suscité l’inquiétude parmi les organisateurs, qui craignaient un manque de mobilisation du public. Ils ont constaté que l’absence d’une véritable campagne médiatique de la part de la presse locale de Siguiri avait eu un impact temporaire sur l’engouement des gens.
À 11h, la place des Martyrs a été envahie par une foule venue de divers horizons, en réponse à plusieurs appels. Malgré cet élan et les efforts déployés par les autorités pour réguler la situation, le marché était bondé de cette foule, où des dames, par curiosité, se mêlaient aux autres. Nous avons tendus nos micros sous couvert d’anonymat et ces femmes nous ont confié ceci
« Je ne souhaite pas révéler mon nom ni afficher mon image, mais je veux que tu prennes connaissance de nos produits. Nous avons entendu dire que tout le monde est convié à cette célébration, qui se veut inclusive et ouverte à tous. Même sans invitation formelle, il est important de participer à cet événement. À mon sens, cette fête représente un symbole fort de notre liberté. Cependant, si nous demeurons préoccupées par notre quotidien, comme par exemple nos obligations domestiques, il nous sera difficile de partager la même joie que nos amies qui travaillent dans des bureaux ou qui s’investissent dans leurs affaires. Il est donc crucial de lâcher prise, de laisser de côté nos préoccupations, et de s’ouvrir à la célébration et à l’allégresse qui nous entourent. Je jure que l’endroit où je suis assise est marqué par une plaie douloureuse, une conséquence des difficultés que j’ai traversée. Cependant, que puis-je faire dans cette situation ? Si je n’agis pas, mon mari et mes enfants resteront dans cette impasse. Mon mari ne trouve plus de travail, car toutes les mines où il œuvrait ont été fermées. Alors, je pose la question, à toi et à tes lecteurs : que devrions-nous faire ? En concluant cette réflexion, je sens déjà les larmes glisser sur ma joue » déclare t-elle.
À côté, une autre personne prend la parole et s’exprime ainsi
« À Conakry, il me semble que le président a demandé aux citoyens de célébrer chez eux. Pour ma part, je ne célèbre pas vraiment l’indépendance, mais plutôt le président. Je tiens à préciser que je ne suis pas contre lui, car grâce à son mandat, j’ai pu, à un moment donné, disposer de fonds me permettant de me rendre dans les villages pour acheter des marchandises à revendre. Cela m’a beaucoup aidé à subvenir à mes propres besoins ainsi qu’à ceux de mes enfants, surtout depuis le décès de mon mari »
En arrivant devant un somptueux festin organisé autour d’un barbecue, un groupe d’hommes et de femmes a choisi de célébrer cette occasion particulière sur le marché, juste en face de la boutique de Seré Kouty. Lorsqu’elle a été interrogée, une citoyenne a partagé avec enthousiasme, ses sentiments.
« Je suis vraiment très heureuse aujourd’hui, même si cette célébration a été transformée en fête présidentielle. Il est important de noter que, dans son discours, le président lui-même n’a parlé que du peuple guinéen. Cette fête nous appartient donc, et je pense que tous les Guinéens devraient en être fiers et heureux. Je souhaite une longue vie à notre nation et une longue vie à notre cher Mamadi Doumbouya. C’est notre manière de célébrer aux côtés de nos semblables qui, malheureusement, manquent de nourriture. Nous préparons de la viande pour partager ce moment ensemble. Peut-être qu’en partageant ce repas, ils pourront oublier, ne serait-ce qu’un instant, les difficultés qu’ils traversent. Il est vrai que la vie est devenue très coûteuse de nos jours, et il est important de le reconnaître » a affirmé la Sèrè Kounty de Bintou Si.
Il est important de signaler que la fête organisée le 2 octobre à Siguiri a connu un certain succès. Cependant, l’organisation des défilés a constitué l’une des principales sources de frustration pour certains invités qui avaient fait le déplacement de loin pour participer à cet événement commun.
Siguiri, Alseny Philip Condé pour le Gbaikandjamana.com