Au cœur de Kankan, un projet qui suscitait tant d’enthousiasme semble aujourd’hui figé dans le temps. Lancé en grande pompe en août 2017 par l’ancien Premier Ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, en compagnie du Ministre de la Culture de l’époque, Sanoussy Bantama Sow, et en présence de toutes les hautes autorités locales, le centre multiculturel dédié à la Mamaya devait incarner la richesse culturelle de la région.
Sept ans après, alors que la Mamaya 2024 approche à grands pas, l’achèvement des travaux semble plus incertain que jamais. Sur place, le silence des ouvriers de l’entreprise en charge des travaux contraste avec l’agitation passée. Les lieux, qui ont accueilli le chef de l’État l’année dernière, le général Mamady Doumbouya, sont désormais presque abandonnés. Les espaces sont dégradés, les fleurs fanées, et les toilettes obstruées par des déchets plastiques. Certaines portes sont même à présent délabrées, témoins d’une négligence grandissante depuis l’organisation de la Mamaya l’année précédente.
Selon des sources fiables, l’arrêt des activités du centre serait principalement dû à un manque de financement et au non-respect des engagements contractuels de la part du gouvernement de la transition. Malgré les promesses faites lors de la visite présidentielle, les fonds nécessaires à la finalisation des travaux semblent manquer cruellement.
« L’entreprise a été acculée l’année dernière à cause des travaux, simplement parce que le président devait célébrer la Mamaya à Kankan. Le ministre de l’époque a même supplié l’entreprise, affirmant que c’était un enjeu crucial. L’entreprise a fait de son mieux, doublant même les dépenses, accumulant ainsi des dettes partout. Entre-temps, le problème de l’extension s’est également posé, obligeant l’entreprise à payer le bureau d’études de ses propres frais, sans aucun paiement du gouvernement. Aujourd’hui, l’entreprise est endettée jusqu’au cou et les rappels bancaires se multiplient. Malgré les promesses de paiement, rien n’a été fait. Les travaux sont maintenant bloqués par manque de financement. Lorsque le ministre de l’époque est récemment parti, il n’a plus répondu à nos appels, alors qu’il avait garanti que les choses bougeraient. »
De plus, le projet d’extension financé par l’entreprise en charge des travaux a été abandonné, laissant entrevoir un avenir incertain pour ce lieu culturel.
“La Mamaya de l’année dernière a causé beaucoup de pertes à l’entreprise. Aujourd’hui, toutes les peintures doivent être refaites, les toilettes nécessitent également des travaux. Toutes les plantes venues de Conakry sont en train de mourir, et les installations ont été complètement endommagées par les gens. Cela signifie que tout doit être repris. Vous comprenez maintenant l’ampleur des dégâts.”
Il semble également que cette année, la traditionnelle danse de la Mamaya ne puisse pas avoir lieu dans ce centre multiculturel. Les difficultés financières de l’entrepreneur, notamment pour honorer ses dettes auprès des banques, ajoutent une couche de complexité à la situation.
Ces retards ont également un coût financier élevé, avec des taux d’intérêt qui s’accumulent au fil des mois, mettant encore plus de pression sur les épaules de tous les acteurs impliqués.Initialement prévus pour une durée maximale de deux ans, les travaux devaient donner naissance à un palais de la culture, doté d’une arène pour la célébration annuelle de la Mamaya, offrant des milliers de places assises aux spectateurs.
Malheureusement, ces ambitions semblent aujourd’hui lointaines, et l’avenir du centre multiculturel dédié à la Mamaya reste incertain, plongeant la communauté culturelle locale dans l’expectative.
Dans l’attente de solutions concrètes, les espoirs de voir ce lieu emblématique devenir le symbole de la richesse culturelle de Kankan demeurent suspendus, comme figés dans le temps, en attendant des jours meilleurs.
Dossier à suivre !
Publié par Facely enquêteur SANOH
