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KANKAN : A la rencontre des soudeurs de matériaux plastiques (Reportage).

La soudure des matériaux plastiques est un métier très peu connu et pratiqué à Kankan. Nous avons décidé ce vendredi 5 juillet 2024, d’aller effectuer notre petite immersion dans l’un des rares foyers où se pratique ce métier dans la commune urbaine.

Plus besoin de jeter les capots de véhicules, de moto ou de chaise endommagés, ici nous sommes à l’atelier de maître Fodeba Keita. On se croirait dans une forge, mais ici en lieu place des objets métalliques, on y retrouve assez de matériaux en plastiques stockés en vrac : des phares de voitures, des cuves, des barils et bien d’autres objets plastiques qui sont réparés quotidiennement ici.

Il est 9 heures, après s’être installé et pris sa lame rougie par le feu, qu’il fait passer délicatement sur un boîtier de clignotant de véhicule endommagé, cet maître artisan de matières plastiques, nous retrace chronologiquement comment il s’est fait une place dans la pratique de ce métier.

« J’ai commencé ce travail il y a à peu près 10 ans. C’est concrètement depuis 2013 que je me suis lancé dans ce métier. Quand j’étais à Conakry je fréquentais des amis là-bas qui pratiquaient le métier mais. Mais je ne me suis pas tellement intéressé à ça. Cependant quand je suis arrivé à Kankan j’avais pas de boulot, car mon commerce que je faisais à Conakry s’était arrêté mes affaires ne marchaient vraiment plus à Conakry, j’ai commencé comme ça que je suis venu à Kankan et je me suis lancé dans ce métier. Sinon j’ai fait 30 ans à Conakry.

Aujourd’hui je remercie Dieu, il m’a permis de compter à fond l’exercice de ce métier. C’est un boulot qui fait souvent peur aux gens, mais c’´est une question de maîtrise c’est tout. Aujourd’hui c’est à travers ce travail que je gagne ma vie, j’arrive à satisfaire mes besoins quotidiens et ceux de ma famille. J’ai deux apprentis plus un collègue, lui d’ailleurs c’est mon maître je l’ai trouvé dans ce métier, en tout nous sommes trois maîtres (3) dans cet atelier mais le troisième n’est pas venu aujourd’hui ».

Poursuivant , maître Fodéba Keita, nous parle de ses nombreux outils de travail et leurs utilités : « Pour travailler nous avons besoin des outils comme, le charbon pour faire du feu, mais ça c’est parce qu’on a pas les moyens de se procurer les gaz qui coûtent très chers.

On a aussi besoin d’un fer à plat qui, une fois bien réchauffé, c’est ce qui nous permet de lisser la matière plastique, aussi on utilise un fer à tenaille pour les travaux de perforation. Ces différents types de barre de fers, nous en avons pour plusieurs dimensions et chacune d’elles, une fois retirée du feu , joue un rôle spécifique dans la répartition des objets plastiques que nos clients nous apportent ».

Dans l’exercice de ce métier on rencontre de multiples difficultés et on est exposé à beaucoup de risques, mais maître Fodéba Keita, ses collègues et ses apprentis ne manquent pas de précaution. : « Notre problème majeur ici c’est le manque de matériel, par exemple on répare les phares et les clignotants des voitures, mais il est très difficile de gagner les caoutchoucs, une matière indispensable pour ces travaux de réparation. Vous savez il y’a le caoutchouc de type rouge, blanc et jaune mais c’est le blanc qu’on trouve un peu facilement mais les autres, sont introuvables.

Aussi, l’autre grand problème auquel nous sommes confrontés est d’ordre sanitaire. Voyez vous-même la fumée qui se dégage. Elle est chimique et très toxique. C’est pourquoi chaque fois, on se protège avec des bavettes et puis on boit du lait, et l’eau d’Orasel.

Nous en sommes forcés car quand on est le plus souvent en contact avec le feu et des fumées toxiques c’est dangereux pour la santé. Et on reçoit donc fréquemment des conseils de la part des spécialistes.

Pour les bavettes, parfois il faut qu’ on les enlève aussi pour respirer un peu, quand le vent souffle un peu fort nous faisons de même pour éviter d’être asphyxié et le vent dégage la fumée tranquillement. Enfin comme tout bon travailleur quand on n’est fatigué on se repose pour éviter de tomber malade ».

Les clients qui fréquentent cet atelier de maître Fodéba Keita, que nous avons eu la chance de rencontrer, ne repartent pas déçu. C’est le cas de Ibrahima Kalil Kouyaté, un automobiliste qui a vu son le boîtier de clignotant arrière côté gauche, se briser dans la circulation. : « Tenez,si je part pour acheter une pièce de rechange au marché, les prix sont très exorbitants. Mais par contre quand j’envoie mon véhicule ici, ils l’arrangent très bien pour moi. Moi même après leur travail, j’ai l’impression d’avoir acheté et fait installer une nouvelle pièce de rechange. Imaginez le capot d’une moto de marque Néo qui coûte 2.000.000 fg au marché. Mais c’est grâce à ces messieurs que nous faisons réparer les capots de nos différents types d’engins à des prix très abordables. Ils font un travail super intelligent et nous sont d’une aide inestimable », a t il apprécié.

Pour terminer maître Fodéba Keita et ses collaborateurs, au vu de leurs difficultés, ne manquent pas de lancer une invite aux autorités actuelles pour leur venir en aide. « Nous, nous voulons que l’Etat nous aide à avoir le courant électrique, on répare même les pare-chocs des voitures. Pour cela on besoin que nos outils soient hyper réchauffés, il faut plutôt des fer électriques, le besoin est assez. Mais en plus de tout ce que nous avons cité en termes d’outillage, nous demandons aussi à l’état de nous aider à avoir un atelier digne de ce nom. Car nous sommes juste établies derrière la clôture d’un service public. Ce qui n’est pas vraiment commode. Au lieu qu’un jour, ils décident de venir nous déguerpir, nous leur plaidons de nous aider à avoir un espace de travail pouvant nous abriter ».

Promouvoir ces genres d’activités rémunératrices de revenu pourrait apporter un coup de pouce majeur au processus de décollage de notre économie à l’échelle internationale.

Souleymane Tata Bangoura

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